LE LIEN ENTRE LA CONSANGUINITÉ ET LE SYSTEME IMMUNITAIRE 💞

Article de Carol Beuchat PhD

Sans le système immunitaire, nous serions vulnérables aux infections par des bactéries, des virus, des champignons et des parasites. Votre corps doit reconnaître l’envahisseur étranger et mettre en place une réponse appropriée pour l’éliminer avant qu’il ne cause des dommages. Il existe des millions de types de bestioles potentiellement dangereuses, donc le système immunitaire est nécessairement très complexe. Le système immunitaire doit également être capable de faire la différence entre les envahisseurs et vos propres tissus ; ne pas le faire entraîne des troubles auto-immuns. Même les cellules cancéreuses sont ciblées par le système immunitaire.

Nous allons parler de la relation entre la consanguinité et le système immunitaire chez les chiens. Juste pour vous assurer d’apprécier la complexité du système de défense de votre corps, prenez quelques minutes pour regarder cette petite vidéo. Vous n’avez pas besoin de vous souvenir de tout cela; notez simplement le nombre de pièces mobiles et la complexité de leur connexion.

Sans aucun doute, le système de défense de votre corps est extrêmement compliqué et toute sa magie dépend d’une diversité exceptionnellement élevée dans les gènes qui le font fonctionner.

L’une des conséquences de la consanguinité et de la perte de diversité génétique chez les chiens de race est la diminution de la diversité des gènes du système immunitaire. Cela a conduit à un système immunitaire plus faible et à des taux plus élevés de maladies auto-immunes.

Pour avoir une idée de la variation de la diversité des gènes du système immunitaire entre les races de chiens, j’ai compilé les données pour un certain nombre de races. Les gènes ont tendance à apparaître dans des ensembles appelés « haplotypes », et il existe deux classes principales de ceux-ci, DLA Classe I et DLA Classe II. (DLA signifie « dog leukocyte antigen », juste un nom fantaisiste pour ces gènes particuliers du système immunitaire.)

Vous pouvez voir que les races avec le plus grand nombre d’haplotypes sont le Caniche Standard et le Bichon Havanais, avec environ 40 versions d’haplotypes DLA Classe I et environ 30 de DLA Classe II. À l’autre extrémité du graphique se trouvent plusieurs races qui n’ont qu’environ 10 de chaque classe d’haplotypes (Doberman, Flatcoated Retriever, Black Russian Terrier et Alaskan Klee Kai). En termes de diversité totale (classe I + classe II), le nombre d’haplotypes pour ces races varie d’environ 70 (40 + 30) à aussi peu qu’environ 20 (10 + 10).

Lorsque vous prenez des décisions d’élevage, vous ne pensez probablement pas beaucoup aux gènes du système immunitaire. Mais il existe de bonnes preuves que la consanguinité et la perte de diversité génétique pèsent sur la diversité des DLA. Les populations de race avec des niveaux de consanguinité plus élevés comme le Doberman et le Flatcoat ont moins d’haplotypes DLA, ce qui devrait compromettre la fonction du système immunitaire.

Nous savons que la consanguinité produit l’homozygotie, ce qui augmente à son tour l’expression de troubles génétiques causés par des mutations récessives. Nous savons également que l’homozygotie provoque ce qu’on appelle la dépression de consanguinité, qui se manifeste par une fertilité plus faible, des portées plus petites et une mortalité plus élevée des chiots, une durée de vie plus courte et de nombreux autres effets néfastes. Mais la consanguinité et la perte de diversité génétique affectent également la façon dont le système immunitaire fait son travail.

Les généticiens parlent de l’importance de la diversité génétique pour maintenir un pool génétique sain et réduire l’incidence des troubles génétiques chez les chiens. Nous pourrions éliminer toutes les mutations d’une race, mais cela ne produirait pas des chiens « sains » si le système immunitaire a été compromis. Même les races avec la « meilleure » diversité DLA (caniches standard et havanais) n’ont qu’une fraction de la diversité présente chez le chien ancestral, et elles ont leur part d’allergies, de troubles cutanés et de cancer.

L’essentiel est que les éleveurs doivent protéger la diversité DLA qui reste dans leur race, et lorsqu’ils envisagent des stratégies de sélection pour améliorer la diversité génétique globale, ils doivent également prendre en compte spécifiquement la diversité DLA.

Traduit de l’anglais à partir du lien suivant : https://www.instituteofcaninebiology.org/…/inbreeding...